Acériculteurs en herbe

Acériculteurs en herbe

Nous voilà donc “employés acéricoles” et nous ne savons pas vraiment en quoi cela va consister… Voici, un petit article technique (mais pas que) sur notre nouveau métier et sur ces deux mois passés.
Louis (le propriétaire), nous présente la forêt : l’érablière. Il s’agit d’une forêt mixte constituée principalement d’érables, de bouleaux et de “sapinettes” (épicéa). On remarque que cette forêt, a priori, classiquement Canadienne, a l’originalité d’être traversée par des centaines de longs tubes bleus… mais qu’est-ce donc ?
On appelle ça des “tubulures”… En gros, des aqueducs à eau d’érable.
Quoi ? Mais on ne récolte pas le sirop dans les petits seaux métalliques cloués aux arbres (chaudières en Québecois) ???
Non, ça c’est de l’histoire ancienne, seules les érablières familiales fonctionnent encore comme ça.

Ces petits tubes bleus rejoignent alors un gros tube noir qui arrive à “la station de pompage”. Une pompe fait le vide dans les lignes ce qui permet d’acheminer l’eau d’érable jusqu’au premier bassin de stockage.
Ok, là on commence à comprendre qu’on est sur une installation high-teck !

Notre première mission a consisté à examiner chaque tubulure afin de réparer les dégâts de notre principal ennemi : le pic-bois (pic-vert en Français). Ce dernier entend le sifflement créé par l’eau dans le petit robinet enfoncé dans l’arbre (appelé un “chalumeau”). Il se met alors à picorer le chalumeau, faire un trou et nous voler notre précieux.
Cette tâche est super agréable, elle consiste à se balader en raquettes dans la forêt, à écouter des sifflements de tuyau, et à remplacer les chalumeaux perforés.

Geoffrey fut déçu de savoir qu’il ne suffirait pas de décrocher un tuyau pour se gaver du sirop… Eh oui, ce qui sort du tronc de l’érable est en réalité de l’eau légèrement sucrée. Les érables stockent cette eau dans leurs racines et la délivrent petit à petit en fin d’hiver lorsque le sol dégèle.
Louis nous présente la suite du processus. On découvre le concentrateur, aussi appelé “l’osmoseur” (mot barbare non ?). Je ne rentrerai pas trop dans les détails mais l’eau d’érable passe dans cet appareil qui permet de concentrer l’eau en sucre et d’évacuer de l’eau pure.
Arrive ensuite l’évaporateur, qui est l’étape finale de la conception (avant la dégustation qui est l’étape ultime, ma préférée d’ailleurs). L’eau va circuler de bassins en bassins où elle est portée à ébullition jusqu’à la température précise de 218°F (oui, on parle maintenant en Fahrenheit).
Enfin, nous obtenons le précieux sésame (enfin sirop) !
Une petite (parfois longue) étape de filtration s’ajoute à cela.
Nos principales tâches ont donc consisté à ; acheminer cette eau d’érable jusqu’au concentrateur, la surveiller tout au long de son processus de transformation en sirop, nettoyer les appareils, mettre le sirop en cans (en conserve), et réaliser également un produit transformé : le beurre d’érable (miam miam).

Après une journée de formation, on a eu la chance d’être complètement autonome sur cette production. Cela a parfois engendré quelques erreurs, comme le jour où nous avons appris qu’il ne faut pas laisser de l’eau d’érable plus de 24h sans la faire bouillir (sinon ça fermente héhé). Mais, cela a été une super expérience de gérer la production de A à Z, de la récolte aux produits transformés en passant par le contrôle qualité ^^ (bonjour notre taux de glycémie).

De l’hiver au printemps

Parallèlement à cela, nous avons profité d’une vie calme, en toute sérénité à la maison brune (nom de notre cabane). Nous avons pris le temps de lire, de cuisiner, de papoter. Étant en pleine forêt, nous avons aussi vécu et observé de près la transformation du paysage, de l’hiver au printemps. L’apparition des différentes espèces d’oiseaux, des dindons, des marmottes, et ratons-laveurs… ou encore le dégel du lac (beaucoup trop rapide à notre goût !) (Au passage toujours pas d’orignal en vue malgré toutes les épluchures de légumes que Geoffrey a jetées devant la cabane pour les appâter).
Cela nous a aussi permis de nous replonger dans la recherche intensive d’un van pour poursuivre notre voyage…

Parmi tous les souvenirs que nous garderons de cette expérience, l’un des plus beaux, restera l’amitié que nous avons créée avec Louis et sa compagne Emilie (sa “blonde” en Québecois malgré qu’elle ne soit pas blonde, l’origine de cette expression est encore un mystère pour nous). Louis nous a souvent exprimé sa chance de nous avoir rencontré, cela est réciproque. Grâce à lui, nous avons pu traverser la crise du Covid à l’abri, libres et en sécurité, mais au delà de ça, nous avons rencontré une personne humble, généreuse, dont on est fier aujourd’hui de partager son amitié.

Après ces deux mois à l’érablière Sainte-Marguerite, il est temps pour nous de prendre enfin notre envol…

La suite au prochain article...

3 réflexions sur « Acériculteurs en herbe »

  1. MERCI et BRAVO pour l’information et explication de la récolte du sirop d’érable qui pour moi était totalement
    inconnue.

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