Temps de recherche : 100 h
Temps de conversion : 300 h
Nombre de personnes recommandé : 2 + un bon ami (merci Pierre !)
Nombre de blessures : 5 (sans compter les ampoules)
Niveau de difficulté : avancé/expert
Prix : ne parlons pas de choses qui fâchent

Etape 1 : La recherche de la perle rare (100 h)

Après plusieurs visites sans succès (la rouille étant la raison n°1 de ces échecs), une annonce sur Kijiji (le bon coin Canadien) retient toute notre attention : un Ford Econoline Cargo E-250 Super Duty Extended Flex fuel V6 4.8 L 225 ch 2010 138 000 km. Tu n’as rien compris à la description ? Je te rassure, c’est normal, il y a quatre semaines nous étions comme toi. Entre temps, 100 heures de recherche (2 heures journalières) se sont écoulées et nous ont permis de décrypter l’argot des véhicules.

Le « magasinage » d’un van, comme dirait un Québécois, et bien ça prend du temps. Quelle marque ? Quel modèle ? Quelle motorisation ? Toit haut ? Modèle allongé ? Bref, on a dû établir une liste de critères et surtout, faire avec la disponibilité du moment en pleine crise du Covid 19.

Notre idéal de van, style Volkswagen Westfalia des années 80 avec la planche de surf sur le toit (même si aucun de nous deux n’en fait) et un beau logo de hippie sur les portières était loin. On a mis de côté le van de babacool pour un véhicule discret et passe-partout en ces temps sombres de Covid où les voyageurs sont perçus par les locaux comme des vecteurs de maladie.

Revenons-en au fait ; notre fameuse annonce. Rendez-vous pris avec le vendeur, nous découvrons ce van de plombier imposant par sa taille mais discret par son look. Ici, c’est le camion de travail par excellence (ce que serait un Renaut Trafic en France).

Le niveau de rouille semble correct pour le standard Québécois et le véhicule est à priori en bon état. Nos connaissances en mécanique étant limitées (malgré tous les tutos Youtube), on se résigne à faire inspecter le véhicule dans un garage (car oui, ici, il n’existe pas de contrôle technique).

Nous sommes le 16 avril 2020 (30 ans de Laure), quoi de mieux comme cadeau qu’un van (et aussi car je n’ai pas d’autres idées pour le moment). Il est 20 h, après 3 appels téléphoniques à la banque et l’assurance, nous voilà heureux propriétaires de « Raccoon »*, notre petite maison de 9 m²pour les mois à venir !

(trad. : raton laveur, nom choisi d’un commun accord pour son look blanc et noir ainsi qu’en référence au raton laveur de l’érablière qui a passé quatre semaines à nous observer bricoler le van).

Etape 2 : Le grand nettoyage (30 h)

Fini les étagères de travail, la cloison de séparation, les vis sous le tapis, les tuyaux de robinetterie et …. petite découverte dans un bas de porte… le string dans la portière (on a quelques doutes sur l’usage précédant de Raccoon entre deux interventions de plomberie), enfin bon, il est désormais tout propre et c’est tant mieux.

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La rouille est bien présente alors on n’hésite pas une seconde à sortir l’artillerie lourde ; meuleuse, ponceuse, brosse métallique, mastic de carrosserie et peinture anti-rouille. Un vrai coup de neuf !

On fera refaire le plancher avant côté conducteur (soudure) car, à priori, l’aération au niveau des orteils ne faisait pas partie des options de base du van.

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Dehors la température est toujours négative et il neige de temps à autre alors que Raccoon, lui, est à nu.

Etape 3 : Le plan de bataille (10 h)

Isolation, plancher, murs, plafond, système électrique, ventilation, ameublements, robinetterie, cuisine… il y a du pain sur la planche (d’ailleurs en parlant de ça, la vraie baguette Française nous manque).

Au programme, encore plusieurs heures de recherche pour connaitre les différentes étapes de conversion et les matériaux possibles. Désormais, l’isolation en polyuréthane, le polystyrène extrudé, le régulateur de charge MPPT 30 Ah pour le panneau solaire, la batterie AGM 12 V à décharge profonde, la fameuse relation P = U x I pour la partie électrique, la ventilation Maxfan, le scellant Dicor auto nivelant… sont des termes de tous les jours.

Les achats faits, place aux choses sérieuses : les travaux !

Etape 4 : La conversion (260 h)

Malgré les aléas des travaux, les découvertes de dernières minutes, les échecs… la conversion avance bien (à raison de 10 h par jour cela peut, tu me diras).

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Oui, toujours la même qui bosse… dans les pires conditions !

On rentre tous les soirs dans notre chalet cassés en deux, les genoux en compote, des échardes sur les doigts, les mains pleines de cambouis, de la peinture dans les cheveux, de la colle sous les ongles et on s’endort en pensant au lambris, au système électrique… C’est donc ça les vacances et la liberté ! Ça donne envie non ?

Notre meilleur moment : lorsque le lambris a été posé, là, on a enfin pu se projeter dedans.

Notre pire moment : la pose du lambris en trois dimensions (littéralement, les murs sont inclinés et courbés et pour le coup, il n’existe pas de tuto Leroy Merlin là-dessus). Je me suis bien arraché les cheveux (fort heureusement je les laisse pousser, ça comble les vides qui s’installent 😉).

Notre moment le plus stressant : la découpe de la tôle du toit à la scie sauteuse pour installer une ventilation (on a dû mesurer deux fois, enfin non, 50 fois, pour être sûr de ne pas se planter).

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On ne fait les malins que pour la photo…

Le petit plus d’ici : l’utilisation des inch et des feet, facile quand cela fait 30 ans qu’on utilise les centimètres. D’ailleurs Laure, tu me couperas une planche de 1″ 5/16 ? 

L’instant de gloire (ou pas) : l’utilisation de vis un peu longues (des 1″ d’ailleurs) pour poser le contreplaqué des murs. Bilan : la vis est ressortie de l’autre côté ! Bien joué Geoffrey, il n’y avait pas assez de trous et de rouille comme ça !

Etape 5 : La contemplation du van (l’étape n’est pas encore terminée au moment de la rédaction de cet article)

On vous présente donc « Raccoon ». Un van à notre image, c’est-à-dire simple, prêt à voir du paysage, et surtout, paré pour l’aventure.

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6.0 mètres de long, 2.2 mètres au garrot, 3 tonnes sur la balance, 225 chevaux et une consommation moyenne de 18 l/100 km rien que ça (on s’en fout ce n’est pas comme si on prévoyait de faire 30 000 km et qu’on avait la fibre environnementale).

Il est entièrement isolé contre le froid Canadien (pour autant, on ne languit pas le test) et la chaleur. Un panneau solaire nous fournit l’électricité pour le frigo, l’ordinateur, l’éclairage et la ventilation (indispensable pour éviter la condensation lorsque l’on vit dedans à temps plein).

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Cuisinière deux feux au propane, évier, robinet et réservoir d’eau claire.

Table escamotable qui se transforme en lit une fois le soir venu. Comme on a prévu de se disputer pas mal dans notre 9 m², on a choisi un grand lit de 1.80 * 2.00 mètres avec matelas sur-mesure. La classe non ?

J’allais oublier :  douche solaire à pression, moustiquaire, supports de canne à pêche et autres gadgets super inutiles.

Et les toilettes alors ? …
Réponse en image :

Etape 6 : L’emménagement dans notre 9 m² et la décoration (1 h)

Les coffres remplis, les gadget installés, la carte du Canada accrochée, le tableau suspendu (cadeau de Louis que l’on remercie infiniment pour la mise à disposition des outils, des espaces de travail et encore pour son accueil à l’érablière), le canoë en place (oui oui encore un achat fort utile pour compléter la panoplie des explorateurs), nous voilà fin prêts pour les vacances, les vraies cette fois !

Nous sommes le 31 mai, il est 19h30, nous quittons l’érablière direction l’Est Canadien…

PS : Un grand merci à Pierre le grand bavard ou plutôt Monsieur BMR, pour son prêt de matériel, son aide et ses conseils.