Maintenant deux mois que nous sommes à l’érablière. Nous avions nos petites habitudes, nous étions installés confortablement, mais le printemps est là, et tels des oiseaux migrateurs, il nous tarde de prendre notre envol. On se fixe une date de départ non-repoussable au 31 Mai. Raccoon est plutôt prêt, bien qu’il nous manque une chose non essentielle mais tout de même fortement gênante : nos matelas ! Bon, ce sera dodo sur nos matelas de camping pour commencer.
Après un dernier au revoir à Louis qui essaie tant bien que mal de nous retenir un peu, nous prenons la route à 19h00, le dimanche 31 mai 2020. Une date fixe c’est une date fixe !

Ok, et sinon on va où ?

Pour commencer en douceur et aussi parce que nous attendons la livraison de nos matelas, nous avons décidé de faire le tour des Laurentides sur une semaine.

Nous nous retrouvons donc tous les deux dans notre van, direction Esterel, il est 19h00, il pleut, il annonce du gel dans la nuit et nous ne savons pas où nous allons dormir. Un vrai début d’aventure quoi ! Nous scrutons notre application “maps” en vue satellite et nous décidons de prendre un chemin qui semble se diriger vers un lac.
Nous nous engageons sur cette voie mais une pancarte nous indique que c’est un chemin privé ! Mince, en plus, un monsieur dans un pick-up (sûrement le propriétaire) se trouve en face de nous… On discute un peu avec lui, nous sommes bien chez lui. Nous lui demandons des renseignements sur des mises à l’eau pour canoës dans les environs et s’il connait des places où passer la nuit. Finalement, il nous invite à le suivre au bout de son chemin où il possède un petit lac. Waouh quelle chance !

Nous croisons le propriétaire qui nous confirme qu’il a remblayé le chemin la veille pour nous permettre de sortir sans embuches. Waouh trop gentils ces québecois !
Allez, direction la rivière d’à côté pour pêcher. Là, on se heurte à une multitude de chemins privés nous rendant la tâche complètement impossible. Eh oui, nous ne sommes pas en France ! On commence à comprendre l’intérêt des espaces publics. La nature est partout autours de nous, des lacs, des rivières, des collines et des forêts à perte de vue mais leur accès est impossible… Aucun chemin et lorsqu’il existe, il est privé. Quelle frustration !
Bon, après plusieurs heures d’échecs, on décide de continuer la route vers le Nord. Nous nous arrêterons à la limite du parc provincial de la rivière Ouareau pour la nuit. Ce deuxième spot est vraiment bien, isolé, une rivière en contre-bas, parfait.

On s’essaye donc à la pêche. Nous avions déjà réalisé plusieurs tentatives à l’érablière où nous avions attrapé une truite, des petites perchaudes, des bass et des crapets, bref, rien d’exceptionnel.
On remonte et descends la rivière à deux cannes, Geoffrey avec sa canne à mouches arrive à pêcher plusieurs petites truites de 10 cm, des bébés truites quoi (correction de Geoffrey : on dit des truitelles).
On se renseignant auprès des locaux, ils nous informent que c’est la taille “standard” et ajoutent dans la plupart des cas que c’est “parfait pour le lunch !”. Heu ok, bon, pour nous cela sera hors de question de les garder. Je me rends compte aussi que la première truite que j’ai pêchée, était d’une taille exceptionnelle pour le coin (35 cm, un monstre quoi) !
Peu importe, la rivière est belle, les randos à coté aussi.

On continue ainsi notre route jusqu’au parc national du Mont Tremblant. Bon, là, je dois faire un stop explicatif sur ces parcs.
Alors, les “parcs nationaux” au Québec sont en réalité des parcs “provinciaux” gérés par la SEPAQ (Société des Établissements de Plein Air du Québec). Ils ne ressemblent en rien à nos parcs nationaux français. Au Québec, ce sont des parcs récréatifs avec un accès payant. Sur place, vous trouverez des campings avec barbecue, des chalets à louer, des pistes cyclables aménagées, des locations de kayak, des tyroliennes, des permis de pêche ou de chasse (à prendre en plus du permis provincial)… Bref, le parc doit être “rentable”. Le côté “écologique” passe en second plan. D’ailleurs, il n’y a aucun écologue ou hydrobiologiste sur place. C’est un peu un Center Parc ! Sur le coup, nous avons été très déstabilisés de cette différence, où nous avons senti que la rentabilité passait avant l’environnement, même dans un service de l’état.
Il y a quand même un côté positif : la nature est rendue accessible. Nous avons vraiment apprécié de pouvoir enfin accéder à la nature sans habitation, chemin privé, etc. De plus, en raison du COVID, le parc était désert, nous avons senti une légère brise de liberté souffler dans nos cheveux.
Nous avons bien profité de ce parc désert en faisant des randos et de la baignade (rapide car l’eau est fraiche !).

Après une semaine, Louis nous informe que nos matelas sont arrivés ainsi qu’une autre commande que nous attendions avec impatience, notre kayak ! Nous reprenons alors la route de l’érablière. Nous passerons une dernière soirée sympathique avec un couple que nous avons rencontré sur un groupe de “vanning” via facebook. Ils ont le même modèle de van, mais nous avons pensé l’aménagement de manière complètement différente.

Le lendemain, nous passons chez Louis, découvrons nos matelas qui sont incroyables ! Ils ont été recouverts d’un tissu gris qui sied parfaitement Raccoon, les dimensions des 4 morceaux sont parfaites ! Nous découvrons également notre kayak gonflable (oui car nous n’avons pas de racks de toit, que Raccoon est déjà assez gourmand en essence comme cela et que nous espérons pouvoir le porter en sac à dos). Nous sommes super contents ! Une vraie panoplie de baroudeurs ! Cette fois, nous saluons Louis pour la dernière fois (avant de le revoir en France on espère 😉 ).
Nous passons à la maison brune pour prendre une dernière vraie douche et faire une lessive. Cela fait seulement une semaine que nous sommes partis, le retour dans cette maison où nous avons vécu nous donne une sensation étrange. Un mélange de mélancolie, de “retour en arrière” et aussi de tristesse car cette fois c’est la der des der, nous savons que nous fermons définitivement un chapitre de notre voyage.

Nous remontons dans le van, cette fois c’est le grand départ, direction l’Est et la Gaspésie !