La belle Gaspésie !

La belle Gaspésie !

Nous y voilà ! La Gaspésie, péninsule décrite comme LA perle du Québec.
Nous arrivons le nez au vent, sans trop savoir ce que cette région nous réserve. Nous remontons l’unique route le long de la côte. En face, la rive nord se fait de plus en plus discrète au fil des kilomètres. Nous apercevons, ponctuant la côte, des centaines de petites bouées orange… des casiers à homards ! Eh oui, nous sommes en plein dans la région, mais aussi, à la bonne saison. Ni une, ni deux, on s’arrête à la poissonnerie de Matane pour acheter notre premier homard ! A 11 euros/kg, les prix défient toutes concurrences (françaises du moins). Miam, on se régale (Geoffrey râle qu’il n’en a pas assez, on aurait dû en acheter 15 d’après lui…) !

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Notre premier arrêt se fera au Parc National de la Gaspésie, au centre de la péninsule. Les paysages sont jolis, montagneux comme les Vosges, c’est-à-dire, vallonnés, et traversés d’une belle rivière aux eaux claires. Cela marque un premier changement agréable pour nous car jusqu’à maintenant nous avions à faire aux eaux tourbeuses du nord (couleur jaune-marron). Le second changement, moins agréable, est l’arrivée des rivières dites “à saumons”. Oui, nous avons un permis de pêche pour toute la province québécoise (qui ne fonctionne pas dans les parcs d’ailleurs) mais les rivières à saumons, c’est une autre histoire. C’est LA pêche ultime du Québec, ou devrais-je dire : la pêche d’élite. Gling, gling, ouvrez votre porte-monnaie et en grand !
En effet, la plupart de ces rivières sont classées dans des zones appelées : ZEC (Zone d’Exploitation Contrôlée). Bref, notre permis provincial ne sert à rien (mais tu dois tout de même l’avoir). Ensuite, tu paies pour ta zone de pêche (plus ou moins cher) et tu paies pour ta fosse (ton trou) à saumons. On ne parle pas de 10 balles la journée mais plutôt de 45 (pour la moins chère dite “municipale”), à 600 dollars pour les plus populaires. Sans parler des tirages au sort et files d’attentes pour obtenir la “meilleure fosse”. Ces fosses sont des endroits où l’eau est plus profonde et dans lesquelles les saumons aiment se reposer lors de leur périple depuis la mer. Oui, car pour rappel, ces poissons qui font le bonheur des amateurs de sushis (dont je fais partie), vivent la plupart de leur temps dans l’océan et remontent les rivières à partir de l’été pour se reproduire (oui oui je suis devenue une vraie hydrobiologiste !). Après avoir parcourus des milliers de kilomètres, affrontés les pires dangers, ils arrivent épuisés dans leur rivière natale, et là, qui les attend ? Le pêcheur à la mouche. Il aura fallu que je vois de mes propres yeux des bancs de saumons tentant de remonter une chute, la chair parfois à vif entaillée par un prédateur, pour me dire que je ne mangerai plus jamais de saumon sauvage. C’est aussi cela les voyages.

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Bref, revenons à notre parc. Nous avions ouïe dire que nous aurions peut-être la chance “de voir de la faune”, comme dirait Geoffrey. Nous interrogeons un garde sur les meilleurs endroits et horaires pour en observer. Sa réponse : en fin d’après-midi/début de soirée sur un petit mont boisé. Nous voilà parti ! On se prépare ; jumelles, appareil photo, chapeau “Nicolas Hulot” d’explorateur (Geoffrey l’a perdu quelques jours après, emporté en pleine mer par les vagues et le vent), sans oublier notre bombe à ours. Dès le début du sentier, on remarque une multitude de crottes en chapelet ainsi que des énormes passages à travers les sous-bois. Ok, on est sur des grosses bibites (mot classiquement utilisé par les Québécois pour désigner les insectes). Au détour d’un virage, on aperçoit un, puis deux orignaux (élans en français)! Wouaaah quelle chance ! Ils ne sont pas spécialement craintifs, ils nous regardent à peine et broutent tranquillement. C’est aussi grand qu’un cheval, c’est impressionnant.

Nous continuons notre chemin et arrivons au sommet. Là, Geoffrey aperçoit au loin un nouvel animal duveteux, c’est un caribou des bois ! On dirait un renne du père Noël (sans le traineau et les cadeaux). Nous reprenons notre route et nous tombons sur deux individus, humains cette fois, qui remontent le chemin en courant munis d’énormes appareils photos. Ces deux photographes animaliers nous demandent si nous avons vu des caribous. Nous leur confirmons leur présence, puis nous redescendons avec eux. Ils sont également accompagnés de trois naturalistes locaux. On échangera avec eux plus d’une heure sur les modalités de préservation de la faune, la question des réserves fauniques du Québec, de la chasse et de la rentabilité des parcs provinciaux. Il y avait finalement trois caribous, dont deux jeunes. Nous apprendrons que cette espèce, le caribou de Gaspésie, est en déclin, il ne resterait que 75 individus. La principale cause serait la déforestation. La présence de forêt trop jeune favorisent la présence de prédateurs tel que le coyote (double casquette : hydrobiologiste et naturaliste maintenant 😉 ) (pour en savoir plus : ici).

Nous continuons notre chemin, les yeux grands ouverts, et au détour d’un virage, nous tombons nez à nez avec un orignal et son petit ! Oh, là, nous ne sommes pas dans le même type de scénario.

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En présence de petits, les animaux peuvent avoir des réactions beaucoup plus vives. On s’arrête, on les regarde, ils nous regardent, agitent leurs oreilles, puis la mère se remet à brouter, on est safe ! Nous pouvons reprendre notre route. Le petit continue à nous regarder, d’un air curieux, il est trop drôle.
Nous terminons notre randonnée, nous avons eu l’impression d’avoir fait un safari, c’était incroyable !

Le lendemain, nous retournerons au parc pour faire une rando, une vraie ! Le mont Albert, 17 km, 1000 mètres de dénivelé. Bien agréable, nous croiserons une nouvelle fois un énorme orignal et son petit. Le Mont Albert forme un plateau où l’on retrouve une végétation rase de type toundra. Bien agréable mais la descente est un peu longue et étouffante, car oui, en ce moment, c’est la canicule au Québec. Nous n’avons pas eu une journée de pluie !

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Le lendemain, c’est parti pour un peu de canoë sur un lac isolé, histoire de se rafraichir. De l’autre côté du lac, on aperçoit un orignal (oui, encore) qui se rafraichit dans l’eau. Il se balance de la flotte avec ses bois, c’est un super moment. Nous faisons tranquillement le tour, mais, une chose que nous n’avions pas vraiment anticipée arrive : le vent ! Ça souffle fort, plusieurs rafales puis des grosses vagues finissent par se former sur le lac, des “moutons blancs” pour ceux qui connaissent ! Geoffrey stresse et essaie d’établir un plan de navigation, il se prépare au pire, même au chavirage de notre navire. Moi, je suis sereine, il fait chaud, l’eau aussi, au pire, on peut s’échouer et marcher le long de la rive. C’est partiiii ! On rame contre le vent et les vagues, et étrangement, on avance ! Les vagues remplissent le canoë, on fait plusieurs stop vidange. On arrive finalement à notre point de départ. C’était trop bien ! Le canoë assure et moi, ça me rassure (prochain slogan publicitaire de notre super canoë K2000) ! Je commence à être à l’aise.
Allez, nous reprenons la route. La côte devient de plus en plus sauvage. Nous traversons quelques villages de pêcheurs.
Nous arrivons à l’extrême est de la péninsule où se trouve un parc national canadien, le parc de Forillon. Nous arrivons aux barrières, personne, impossible d’acheter notre pass annuel, bon, on passe tout de même. Je lis qu’il y aurait 80 ours dans le parc, je rigole et dis à Geoffrey : et bien, on n’est pas près d’en voir un !
Cinq minutes plus tard, je crie : Geoffrey, un ours ! Marche arrière toute. Un ours noir est en train de farfouiller tranquillement dans la prairie. On se regarde avec Geo : notre premier ours ! On ne peut pas s’empêcher de sortir de la voiture pour aller l’observer. En fait, c’est relativement petit un ours, comme un très gros chien. Je voyais cela beaucoup plus gros. Nous avons le temps de prendre quelques photos et de l’observer pendant un temps aux jumelles.

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On reprend notre route jusqu’au petit port du parc. Plusieurs pêcheurs sont sur le quai. Ici, ça pêche le maquereau et ça a l’air de mordre. Geo s’y met, et peu de temps après, c’est parti ! Il me file sa canne, le temps qu’il prépare les filets des deux premiers poissons. Problème : 2 minutes plus tard, j’ai aussi un poisson sauf que… j’aime pas les décrocher. J’appelle à l’aide Geoffrey. Il quitte son post de découpe de poissons. A peine parti, une mouette aux aguets lui pique un filet dans l’assiette. Ok, je décroche le poisson qu’on gardera aussi puisqu’on en a un de moins. Ce sont les premiers poissons que nous garderons. C’est bon ! (Je précise que cette scène s’est déroulée en la présence d’un ours dans la baie d’en face).

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Wouaah quelle arrivée au Parc Forillon ! Ce parc est un peu particulier. A sa création, des dizaines de familles habitaient sur place et ont été expropriées. Nous n’avons pas vraiment compris pourquoi il était si important de créer un parc à cet endroit, ni pourquoi les familles n’ont pas pu conserver leur maison. Il est vrai que le parc est beau. Nous verrons des dizaines de crottes et traces de griffes d’ours sur les chemins de rando, mais nous n’en verrons pas d’autres (peut-être qu’eux nous ont vu ^^). On aperçoit également nos premiers petits rorquals, phoques gris et phoques communs.

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On poursuit notre tour de Gaspésie. Nous découvrons les “barachois”, une langue de sable à l’embouchure d’une rivière qui finit par former un lac. L’eau y est plus ou moins salée. Mais, surtout, c’est le hot-spot de la pêche au bar rayé ! Voilà comment ça se passe : des familles, des passionnés, des citadins, bref tout le monde se retrouve à la tombée de la nuit sur cette langue de sable et pêchent les pieds (ou la taille) dans l’eau ! Certains relâchent tous leurs poissons, quant à d’autres, remplissent des glacières. En arrivant, Geoffrey, bien qu’ayant déjà entendu parler de ces bars (merci à ses collègues hydrobiologistes), n’est pas hyper au courant des spots. Pour cette raison, nous ferons marche arrière sur plusieurs dizaines de km (160 km tout de même, quand on aime on ne compte pas hein 😉 ) pour revenir au barachois de Chandler et passer la soirée la-bas. Aucun regret, il y a des moments dont tu sais qu’ils resteront en mémoire, celui-ci en fait parti. Je revois Geoffrey au milieu de tous les québecois, prendre poissons sur poissons (moi aussi !). La nuit tombe, les feux s’allument sur la plage, les gens discutent et crient quand ça mord. Il y a des enfants, des grands-parents sur des chaises longues, des jeunes qui boivent des bières, on oublie le Covid et on capture l’instant présent. Geoffrey est comme un gamin. Il arrêtera de pêcher à 2 heures du matin, une canne à pêche cassée, les pieds gelés et des poissons plein la tête.

Le lendemain, nous passerons la journée à descendre la rivière Bonaventure, translucide et couleur émeraude, on pourrait presque croire que le canoë vole sur l’eau.

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Nous continuerons notre route en passant rapidement par la très (trop) touristique ville de Percé, où se trouve un rocher… Percé. On y observera les fous de bassan plonger comme des fusées pour attraper (assommer) un poisson.
Nous ferons un stop “culture” au parc provincial du Roi de Miguasha, où fut découvert LE fossile, maillon manquant entre le poisson et l’amphibien (si j’ai bien tout compris).
Enfin, nous remonterons la vallée de la Matapédia, où nous aurons la chance d’observer des dizaines de saumons remonter la rivière. Nous passerons, de nouveau, une nuit à Matane (la boucle est bouclée) pour prendre le traversier le lendemain, direction la rive Nord du Saint-Laurent !
Suite au prochain épisode !

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PS : petite pensée à JD et ses boulettes… Geoffrey a réussi à faire un “super combo” d’étourderies en moins d’une semaine : clef perdue du véhicule, chapeau d’aventurier envolé, canne à pêche brisée, cafetière cassée…

PPS : Raccoon se porte bien, il vient d’engloutir 540 L d’essence (3 200 km) ! Heureusement que notre consommation de bières ne suit pas le même rythme…

PPPS : Retrouve nos photos ici.

One thought on “La belle Gaspésie !

  1. Merci pour ce reportage sur votre périple. J’espère que vous mangez les poissons que vous pêchez et que ce n’est pas que pour le sport. Bisous à vous deux . A bientôt pour de nouvelles aventures.

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