La Côte-Nord du Québec !

La Côte-Nord du Québec !

Nous voici arrivés sur la “north coast”. Bon, en réalité, il s’agit juste de la côte-Nord du Saint-Laurent, non pas du Québec. Nous embarquons depuis la ville de Matane pour deux heures de traversier avec deux destinations possibles : Godbout et Baie-Comeau. Cette dernière, plus au sud, est décrite par le routard comme une “ville industrielle dénuée de charme”, nous optons donc pour Godbout. Il s’agit d’une petite ville de bord de mer dans son jus qui semble vivre des va-et-vient du ferry. La porte métallique du ferry s’abaisse et nous débarquons sur ce nouveau territoire sans savoir ce qu’il nous réserve.

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La côte est escarpée et bordée de forêts d’épinettes noires (sapins), la plus sauvage que nous ayons traversée. Nous nous arrêtons un peu par hasard au bord d’un joli lac dont nous ferons le tour en canoë. Quelques kilomètres plus tard, nous faisons un stop panorama sur un “fjard” (à une voyelle près c’est presque comme un “fjord” mais finalement pas pareil). Nous sommes agréablement surpris par cette région peu décrite dans les guides en raison de son éloignement et son absence de structure touristique (ce qui nous convient bien il faut l’avouer).
On prend la route en direction du Sud. Les kilomètres s’enchainent (3 000 km au compteur) et les paysages défilent.

Nous nous arrêtons à l’office de tourisme de Portneuf-sur-mer où des fat bikes sont proposés gratuitement. On délaisse pour la matinée notre 4 roues pour ces vélos à gros pneus “conçus” pour aller sur le sable, une première pour nous. L’aller est plutôt agréable mais il faut tout de même éviter de rouler dans le sable trop mou (sauf si tu veux les cuisses d’Arnold Schwarzenegger). C’est une superbe “promenade” le long d’une pointe de sable de 10 kilomètres, où nous avons pu observer toutes sortes d’oiseaux. Malgré nos jumelles d’experts, aucun de nous deux n’a le badge “découverte” d’ornithologie ce qui nous limite à : “Waouh regarde une sorte de pigeon blanc ! ” ou bien encore “A 3h00, une mouette ou un truc du genre !”. Bref, je ne pourrai pas vous détailler les espèces, hormis les “oies des neiges”, clairement identifiées (et ça ce n’est pas une blague). Nous sommes au bout de la plage, c’est l’heure du retour… Le vent s’est levé… Nous l’avons maintenant en pleine face. Évidemment, je râle contre Geoffrey car il ne semble pas comprendre que je puisse avoir mal aux cuisses (et en plus il est 15h : j’ai faim !). A la suite de cette balade, j’aurai des courbatures pendant 2 jours (et Geoffrey, des maux de tête en raison de mes plaintes répétées).

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Plus au sud, la côte se fait plus touristique, nous arrivons à hauteur de Tadoussac. Cette ville, historiquement premier comptoir de traite de la fourrure, fait aujourd’hui son commerce sur l’observation des cétacés. Nous observerons donc aux jumelles, le dos de plusieurs baleines, mais n’étant pas non plus expert dans ce domaine, leur identification est compliquée. On se limitera donc à : une baleine (ou plutôt un rorqual, car ça fait plus connaisseur) !
Nous profiterons également de l’effervescence touristique de la ville (bien que très modérée puisque le Québec est en semi-confinement), pour aller manger en terrasse (une première !) une poutine accompagnée d’une bière locale.

Tadoussac se situe à l’embouchure du fjord Saguenay. Une sorte d’immense vallée noyée longue d’une centaine de kilomètres qui s’enfonce dans les terres jusqu’au lac Saint-Jean. Un ferry (enfin ça ressemble plutôt à un bac) permet de passer d’une rive à l’autre. Nous remontons d’abord par la rive nord pour faire une escale à la baie Sainte-Marguerite (décidément cette sainte “Margueritte” est partout !). Cette baie est un haut lieu d’observation des bélugas, des baleines blanches pour les non-connaisseurs. C’est l’endroit au monde le plus septentrional pour les observer ! Arrivés au bout de la rando, à l’observatoire, un petit tableau indique les observations récentes de baleines (la veille d’après les derniers témoignages).

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On fixe l’eau du fjord, à l’affut du moindre mouvement, mais rien. Je suis déçue, ils ne semblent pas être là. Je commence à lire les panneaux explicatifs, ces baleines surnommées “les démons blancs”, ont été chassées en masse au 19ème siècle, accusées à tort de la diminution du stock de morues dans le fjord… Puis, tout à coup, Geoffrey crie : Bélugas droit devant !!! (En réalité, il a juste dit : je crois que je vois un point blanc par là-bas). Finalement, Ce n’est pas un mais une dizaine de bélugas que nous observerons faire des aller-retours devant notre observatoire à moins de 100 mètres de nous. Nous passerons la fin d’après-midi derrière nos jumelles à les scruter et à essayer de les prendre en photo (pas facile !). Les sons qu’ils émettent sont impressionnants. Oui, car ça fait un sacré ramdam (j’ai hésité avec “barouf”) ces bêtes-là. Ça souffle, ça siffle, ça gazouille, et ça résonne partout dans le fjord. En bonus, nous avons eu un magnifique coucher de soleil dans le Fjord, bref je vous laisse imaginer la scène, on était bien.

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Le lendemain, on prend le ferry, direction rive sud. Nous nous arrêtons à la Baie Eternité, on a bien envie de s’aventurer en canoé sur le Fjord. Devant nous, un couple s’engage en kayak dans la baie, nous discutons un peu avec eux. Cette fois, nous avons à faire à des amateurs. Ils pointent du doigt un groupe accompagné d’un guide qui vient de quitter la baie : la marée et les conditions de navigation doivent être favorables ! Arf, l’envie de les suivre est forte mais nous avons un problème… Geoffrey a malencontreusement égaré son gilet de sauvetage sur une plage de la rivière Bonaventure en Gaspésie… (j’avais oublié de lister cette boulette dans le précédent article) ! Là, il est hors de question de s’aventurer dans les eaux froides du fjord sans gilet (on est téméraire mais pas fou non plus). Nous renonçons donc, jusqu’à ce que l’on tombe sur la cahute du loueur de canoés qui nous en prête un pour l’après-midi… Ni une, ni deux, on file au camion, décharge le canoë, le gonfle, s’équipe, et tout ça en un timing record ! C’est parti ! Nous observons les immenses falaises bordant le fjord. On quitte la baie, le courant est bien plus impressionnant au centre du Fjord. Devant nous, le groupe guidé rebrousse chemin et retourne dans la baie. Nous décidons d’en faire autant. Nous comprendrons plus tard, que depuis le centre du fjord, il était possible d’observer une immense statue de la vierge Marie sur un cap… sympa mais à vrai dire, on préfère l’observation des bélugas.

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Nous reprenons la route jusqu’au lac Saint-Jean. Il s’agit d’un immense lac (voire une mini-mer) entouré de prés et de champs. Nous ne sommes pas tombés sous le charme de cette région, pourtant haut lieu touristique (voilà surement la raison).
Entre temps, la situation s’est un peu débloquée au Canada : certaines frontières provinciales viennent de réouvrir. Notre traversée à l’ouest semble pouvoir s’envisager.

Nous prenons la route du nord, direction Chibougamau. Cette fois, nous n’avons plus aucune information sur le nord de la province. Nous faisons le plein d’essence car 220 kilomètres nous séparent de la prochaine station (et même de la prochaine habitation). Nous traversons des immenses étendues de forets de sapinettes (parfois déforestées). Nous nous engageons sur une piste forestière où Geoffrey a repéré des lacs où nous pourrions faire du canoë (signification dans la tête de Geoffrey : pêcher !). Le cadre est un cliché du nord canadien. Des centaines de petits lacs entourés de grandes épinettes. Je demande à Geo de s’arrêter pour que je puisse prendre une photo de ce cadre bucolique avec le soleil couchant.

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Coucher de soleil Armageddon

Mais là, à l’ouverture de ma portière, c’est ouvert un autre monde… A ma sortie du véhicule, une nuée de moustiques et de mouches noires foncent sur moi, j’étais la cible à abattre ! Puis, des dizaines de libellules comprenant l’aubaine, foncèrent dans le tas. J’étais en pleine scène d’Armageddon avec un seul échappatoire, me réfugier dans le véhicule. Calmement (pour ne pas l’effrayer), j’informe Geoffrey de la présence de quelques moustiques dehors. A ma grande joie, la partie de pêche du soir n’a jamais été aussi rapide (10 minutes et l’affaire était pliée où devrais-je dire, 10 minutes et Geoffrey était défiguré).
A partir de ce jour, nous avons compris ce qu’était le nord du Canada (ou presque) au mois de Juin. Nous avions déjà été dérangés par ces petites bêtes. Mais là ! Autant vous dire qu’on a dû oublier l’huile essentielle de citronnelle, la bougie miracle 100 % efficace Téléshopping, et nos idéos de bobos écolos ! Pour survivre ici, il faut s’armer de spray au DEET à 30% minimum (un super produit estampillé avec 5 pictogrammes d’avertissement pour la santé). En réalité, il est impossible de passer la soirée dehors sans moustiquaire. A l’heure où j’écris cet article, c’est-à-dire, 1.5 mois plus tard (pas facile de trouver du temps libre en vacances), nous n’avons jamais été autant dérangés par les moustiques que pendant ces deux semaines au nord du Québec et Ontario. Ils sont particulièrement virulents à la tombée de la nuit et peuvent nous sentir à des kilomètres. Certains soirs, il y avait plusieurs centaines de parasites postés sur le toit du véhicule à l’arrière de notre ventilation, attirés par notre odeur. Aujourd’hui, nous avons tellement été piqués que nos corps ne réagissent quasiment plus aux piqûres. La douleur dure à peine 3 minutes (sauf quand c’est sous le pieds, dans la paume de main, dans le plie du genou, derrière l’oreille droite, sur un orteil…) puis disparait sans laisser de trace. Merci, le système immunitaire humain.

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Bref, revenons-en à nos petits lacs. L’avantage est qu’au milieu de l’eau en canoé, on sème les moustiques, on est tranquille. Un rythme routinier s’installe entre Geoffrey et moi : je rame, il pêche (les vraies vacances d’après lui). Mais ça me convient, j’ai l’impression de me dépenser, je profite du paysage, je peaufine ma technique de pagayage, et sans vouloir me vanter, j’ai vraiment progressé. J’arrive même à faire du canoé debout comme sur un paddle ! Quant à Geoffrey, la pêche semble enfin lui réussir. Pour la première fois (depuis les bars rayés), il attrape brochet sur brochet, un pêcheur épanoui donc. On s’amuse à passer de lacs en lacs via les petits cours d’eau qui communiquent.
Pour la première fois depuis le début du road trip, on a vraiment la sensation de liberté. L’isolement de cette région nous permet de dormir dans des endroits fantastiques sans l’appréhension de se faire réveiller par un local ou un policier. Nous avons accès sans aucun souci aux lacs et il n’y a aucune habitation aux alentours.

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Nous rejoignons ensuite Chibougamau. Nous faisons le plein d’essence et cherchons un coin de wifi. La ville, perdue au milieu de nulle part, semble vivre sur la foresterie et les mines du nord. Nous observons le visage des gens, la plupart sont de type amérindien. Depuis le début du voyage, nous nous posons beaucoup de questions sur cette population, c’est une de nos discussions privilégiées avec Geoffrey. Toutes nos questions restent en suspens car aucune information nous est vraiment fournie. Lorsque nous faisons des visites, il y a toujours des panneaux explicatifs, de l’arrivée des français, des anglais, de la guerre, des alliances, des échanges entre tels et tels chefs indiens puis rien. On ressent comme un vide intersidérale entre l’arrivée des colons et la situation des amérindiens aujourd’hui. Que s’est-il passé ? Qu’est-il advenu des peuples natifs du Canada ? Ces questions se sont multipliées lorsque nous avons traversé les premières réserves indiennes cloitrées dans le nord du Québec. Beaucoup de réponses nous ont été apportées par les supers documentaires de ONF que je vous invite à regarder à la place de Netflix (sommeil garanti dans les 10 minutes qui suivent).

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Nous terminons notre périple Québécois, du côté de Val-d’Or. Le changement est brusque (trop) entre l’immensité des forêts du nord et cette contrée. Le nom de cette ville n’est pas anodin, ici, des mines énormes forment des montagnes artificielles. Nous profitons de la présence du parc provincial d’Aiguebelle, terre préservée au milieu des graviers, puis nous prenons la route du sud-ouest cette fois (vous m’avez bien suivi : Nord, Ouest, Sud Est… bref si je n’ai pas été claire et que vous êtes perdus dans notre itinéraire, la petite carte sur le côté du site devrait vous aider).
Nous partons cheveux au vent (et oui ça pousse pour Geoffrey) en direction l’Ontario avec un petite appréhension de changer de province en ces temps compliqués.

Retrouve toutes nos photos par ici.

3 réflexions sur « La Côte-Nord du Québec ! »

  1. Toujours passionnante la lecture du récit de votre périple. Il faut que je regarde la carte car je suis un peu perdu dans l’immensité du pays. Je compile vos reportages et j’ai déjà 50 pages. Gros bisous à vous deux. A bientôt.

  2. est-ce que vous pouvez me faire une petite place dans votre Van, je vous rejoints dès que possible. Armel ” pas moi j’aurais trop froid aux miches” dit Patou.

  3. Merveilleux un grand merci,, nous vous suivons , enfin en ce qui me concerne, avec peine. Mais Alain et là je sais qu’il m’éclaairera. DES GROS BISOUS

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