Vancouver Island Nord

Vancouver Island Nord

Nous partons de Port Alberni sur les chapeaux de roues à la recherche d’une chose rare et précieuse : une douche chaude. Nous en avons repéré une à Campbell River, située sur la côte est de l’île et… nous sommes en retard.
Nous arrivons à 11h50, soit 10 minutes avant la fermeture, on est laaaarge. Malheureusement, la dame, aimable comme une porte de prison (qu’elle est presque), nous annonce que l’accès à la douche est fermé depuis…5 minutes. Nous n’avions pas compté les 15 minutes d’aseptisation obligatoire contre le méchant virus ! Il faut maintenant patienter trois jours de plus pour accéder à la prochaine session manucure/beauté. Nous avons retenu la leçon, la prochaine fois, on pensera à ajuster nos montres lors du changement d’heure.

Pas abattus pour autant, nous partons randonner dans le parc provincial d’Elk Falls, connu pour son immense chute d’eau et son pont de singe, dont seul Geoffrey aura le courage de franchir (il tient à le préciser). J’admire le singe traverser le canyon.

En direction du nord de l’île, Campbell River est la dernière ville où nous disposons d’une couverture cellulaire. La suite de notre voyage étant suspendue à nos échanges avec le Grand Nord, nous décidons de passer la nuit à proximité, sur un site récréationnel, Twins Lake. Un emplacement est déjà occupé par une sorte de hippie aux allures de bucheron (plus communément appelé un « gars du bush » dans l’argot local). C’est un ramasseur/acheteur de champignons qui a fait le déplacement depuis le Québec. Il a commencé par ramasser les morilles au Yukon au printemps, puis, il a pourchassé la pousse des champignons tout l’été en direction du sud jusqu’à l’ultime place encore préservée de l’hiver, l’île de Vancouver. Bref, un peu comme nous finalement. Il termine ici sa saison à la recherche de chanterelles en tube. Pour la première fois depuis notre arrivée au Canada, nous comprenons enfin la mauvaise réputation qui colle aux bottes des Québécois au sein des provinces anglophones : « Qui sait mieux couper du bois qu’un véritable Québécois ? Qui a les meilleurs restaurants du Canada, les plus vieux bâtiments, les plus beaux paysages, le meilleur fromage ? » Humbles, nous sourions intérieurement en pensant aux poutines Québécoises et ces fameux bâtiments historiques datant de trois siècles.
Les Québécois sont un peu les vilains petits canards du Canada. Longtemps malmenés par les Anglophones, ils ont fini par prendre leur revanche. Ils ont conservé quelques traits de caractère bien franchouillards, ils sont fiers de leur province et ont une vigoureuse répartie. Ils ont réussi à imposer le français en tant que langue officielle du pays. Bref, ce sont les corses du Canada. Autant vous dire que face à un caractère comme cela, le timide anglophone ne sait plus où se mettre, se braque et finit par se recroqueviller dans sa coquille.

Au petit matin, nous vérifions nos mails et messages en tout genre. La bonne nouvelle finit par arriver. Une musheuse située dans le sud du Yukon nous propose de venir passer l’hiver dans une cabane isolée à s’occuper de chiens de traineau, couper du bois, vivre en semi-autarcie, sans eau courante, électricité ni couverture cellulaire. Cela donne envie n’est-ce pas ? Nous, nous sommes surexcités !!! Il faut maintenant se préparer. Rejoindre le Yukon depuis l’île de Vancouver à la fin du mois de novembre est une véritable expédition en soi, du moins pour les Français que nous sommes. En quelques mots, voilà ce qui nous attend : 5 jours de voyage, 3 200 kilomètres de distance, des routes enneigées et verglacées, 5 cols à franchir, des températures comprises entre -15 et -22°C et l’absence de logement en chemin (hormis Raccoon bien évidemment).

On se laisse une semaine afin de tout vérifier, paqueter et planifier notre voyage. Et puis, il faut aussi poursuivre notre visite du nord de l’île (on est des vacanciers oh !). On file donc aussitôt au parc provincial de Strathcona, situé au cœur de l’île, dans la région la plus montagneuse.
Nous passerons deux jours à arpenter les sentiers de randonnée du coin. En altitude, nous rencontrons le froid et la neige, un avant-goût de ce qui nous attend dans une semaine. Il est clair que nous ne sommes pas prêts physiquement à affronter de telles températures. Il fait seulement -5°C dehors, cela suffit pourtant à transformer nos extrémités en glaçon. Je m’interroge sur nos capacités à survivre à l’hiver Yukonnais… Sans le savoir, ce jour-là, nous prendrons en photo notre dernier lac ouvert, c’est-à-dire non recouvert par une épaisse couche de glace.

Nous reprenons la route en direction de Sayward, un petit village isolé sur la cote Est de l’île. Nous sommes bien seuls à nous promener à cette saison (enfin, je crois que le village ne voit jamais personne, y compris un 15 août, hors Covid). Tels de véritables explorateurs, nous découvrons une ancienne barge abandonnée, malheureusement pour nous, elle ne recelait aucun trésor.

Nous poursuivons notre chemin plus au nord dans une forêt très, très (trop) humide qui abrite plusieurs grottes et cavités. Frontale sur la tête, nous voilà repartis en pleine exploration. Les fortes précipitations nous obligeront à rebrousser chemin.

Quelques kilomètres de plus et nous arrivons à Telegraph Cove. C’est un charmant village de pêcheurs avec son dock et ses quais en bois d’époque. La brume, la pluie et les lumières automnales participent au charme des lieux. Il ne nous manquerait plus qu’une bonne crêpe avec un bol de cidre…

Nous passerons deux jours à se promener le long de la côte, entre forêts humides et plages désertes. A défaut de pêcher, Geoffrey s’essaie au ramassage des coquillages et crustacés. Le succès n’étant pas au rendez-vous, nous profiterons de la grande gastronomie du pub local, burger/french fries !

Les prévisions météorologiques n’étant pas favorables et la route pour le Yukon suffisamment longue, nous n’irons pas plus au nord.
Ici, s’achève notre voyage sur l’île de Vancouver ainsi que notre grande traversée du Canada, d’est en ouest. Nous avons admiré le soleil se lever de l’océan Atlantique à la pointe de Gaspé, jusqu’à ce qu’il disparaisse sur les plages du Pacifique, à Tofino. Nous avons vécu des moments magiques, des expériences inoubliables, admiré des paysages grandioses mais, toutes les bonnes choses ont une fin (ou pas). Il est temps de poursuivre le voyage autrement.

A défaut de prendre de l’âge, Raccoon a pris des kilomètres au compteur, avec plus de 25 000 kilomètres parcourus en 165 jours. Notre départ de l’érablière le 1er juin 2020, nous parait désormais bien loin.
Il ne nous reste plus qu’à parcourir le Canada du Sud au Nord.
Nous mettons le cap sur Nanaïmo, au sud de l’île pour prendre le ferry. Les préparatifs de notre « expédition » au Yukon ont bien avancé, nous sommes parés à toute éventualité, y compris la panne au milieu de nulle part à -25°C : deux semaines de réserve de nourriture, des bidons d’eau, des bouteilles de propanes pleines, un itinéraire étudié et deux pilotes motivés comme jamais. Quant à Raccoon, il a passé haut la main l’inspection mécanique, « il vaut mieux prévenir que guérir ». Il est désormais doté d’une nouvelle courroie de distribution, d’un nouveau pare-brise, de chaines à neige, d’une pelle et d’un petit chauffage au propane.

L’achat de chaines au Canada est une aventure en soi. Nous avons eu droit à une démonstration sur place (à Port McNeill, qui ne voit jamais la neige de l’année) des différentes étapes de montage et ce, par le garagiste lui-même. La scène était plutôt burlesque, un peu comme un Parisien qui apprend à monter des chaines dans le 5ème arrondissement. Aussi fou que cela puisse paraitre, les canadiens ne mettent quasiment jamais de chaînes pour la simple raison qu’ils ont tous des 4×4 avec des pneus neige. Ainsi, les chaines sont réservées aux conditions… extrêmes, nous sommes loin des modèles français. Cloutées et destinées aux gros pick-up, elles doivent être essayées au préalable, pour s’assurer de leur compatibilité avec Raccoon. Avec cet équipement, on dirait un char d’assaut de l’Alaska Highway prêt à rouler sur les traces de ses ancêtres !

Parfois, on doit aussi porter des masques

Nous avons tout juste le temps de sortir du garagiste que notre ferry prend le large. Il est 17h50, nous sommes en route pour le Yukon !

Quelques photos ont été ajoutées ici.

2 réflexions sur « Vancouver Island Nord »

  1. On attend la suite avec grande impatience !! Pour avoir eu quelques photos du grand nord il y a quelques mois, j’ai hâte de connaître l’aventure plus en détails. Gros bisous à vous deux !!

  2. C’est merveilleux vous vivez des moments inoubliables
    bravo POUR VOTRECOURAGE et vous nous faites participer. un grand merci pour cette belle aventure

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